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Bruit au travail : un actif sur deux se dit gêné !

C’est ce qu’a révélé une enquête* menée par l’IFOP pour l’association Journée Nationale de l’Audition (JNA) à l’occasion de la Semaine de la santé auditive au travail du 16 au 21 octobre 2023.

En effet, 52 % des actifs interrogés (sur un échantillon de 1103 personnes), se sentant exposés ou non au bruit, se disent gênés par celui-ci. Concernant les sources de bruit les plus dérangeantes sur le lieu de travail, les bruits provenant de l’extérieur des locaux apparaissent en premier dans les résultats (34 %). Viennent ensuite les conversations des collègues (31 %), les allers et venues de personnes (28 %), les conversations téléphoniques ou en visioconférence (25 %) et les matériels utilisés (24 %).

Bruit au travail : un actif sur deux se dit gêné !

Le bruit, c’est quoi au juste ?

On qualifie généralement de « bruit » un ensemble de sons perçu comme gênant par l’oreille humaine. Cette notion reste assez subjective car un son peut être perçu différemment selon la personne qui l’entend. Mais lorsqu’un niveau sonore dépasse une certaine limite, tous les sons sont considérés comme gênants voire dangereux. Pour le savoir avec certitude, on mesure le niveau de bruit (décibels) à l’aide d’un sonomètre.

On considère que pour une journée de travail de 8 heures, l’exposition sonore peut s’avérer dangereuse à compter d’un niveau de 80 dB(A). En cas de niveau sonore dépassant ce seuil, l’exposition doit impérativement être de plus courte durée. Toute exposition, même de très courte durée, à un niveau sonore dépassant les 135 dB(A) est considérée comme dangereuse.

0 dB(A) Niveau sonore le plus faible perçu par l’oreille humaine
50 dB(A) Niveau sonore habituel d’une conversation humaine
80 dB(A) Seuil de nocivité pour une exposition de 8h/jour
120 dB(A) Niveau sonore provoquant une sensation douloureuse

Bruit : quels effets sur la santé ?

Le bruit est un facteur de poly exposition au sens de l’article R.4433-5 du code du travail, mais peut aussi aggraver des risques psychosociaux et des tensions musculaires. Il est vrai que les effets de l’exposition au bruit sur la santé sont multiples et peuvent aller d’une simple fatigue auditive à une surdité irréversible causée par la destruction des cellules ciliées de l’oreille interne. Dans les cas les plus graves, un bruit soudain et particulièrement intense peut provoquer une déchirure du tympan et causer une surdité brutale totale ou partielle.

A la question “Selon vous, le bruit et les nuisances sonores sur votre lieu de travail ont-ils des répercussions sur votre quotidien en termes de…?”, voilà comment répondent les personnes interrogées :

  • fatigue, lassitude, irritabilité (60 %) ;
  • stress (50 %) ;
  • gêne auditive (33 %) ;
  • troubles du sommeil (32 %) ;
  • souffrance psychologique (31 %) ;
  • sifflements, bourdonnements d’oreilles, acouphènes (30 %) ;
  • surdités (25 %) ;
  • hypertension artérielle (23 %).

Bruit au travail : quelles sont les obligations de l’employeur ?

La prévention des risques liés au bruit est strictement réglementée par le Code du travail**. Les règles s’articulent autour de quatre axes principaux : agir sur l’environnement de travail, évaluer les risques, mettre en place des mesures de prévention et suivre l’état de santé des travailleurs exposés.

Le bruit est un facteur de risques professionnels et doit donc être pris en compte lors de l’évaluation des risques professionnels. Cela suppose préalablement :

  • D’identifier les différentes sources de bruit dans l’établissement en fonction de leur nature : machines, outils, équipements de travail annexes (ventilation, climatisation, etc.), engins mobiles, maniement d’outils bruyants à la main, etc.
  • D’identifier tous les travailleurs susceptibles d’être exposés, en veillant à prendre en compte également le personnel travaillant de façon non-permanente dans les lieux de travail bruyants (agents d’entretien, etc.).

L’évaluation des risques doit ensuite permettre de d’identifier les postes de travail les plus exposés et les sources de bruit en cause. Ses résultats doivent être transcrits dans le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUER).

Pour réaliser l’évaluation des risques, l’employeur peut :

  • Réaliser une estimation sommaire du risque basée sur les données bibliographiques existantes par secteur d’activité ou métier et sur un test de communication dans le bruit.
  • Faire une évaluation simplifiée dans le cas où l’exposition quotidienne au bruit peut être décomposée en plusieurs phases distinctes de travail.

Dès lors que l’évaluation des risques met en évidence un risque pour la santé et la sécurité des travailleurs, le Code du travail oblige l’employeur à effectuer des mesurages pour vérifier que les valeurs limites réglementaires d’exposition au bruit ne sont pas dépassées et si des actions de prévention sont ou non nécessaires.

Une fois les résultats des mesurages obtenus, ils doivent être comparés aux seuils réglementaires pour déterminer les mesures de prévention. En fonction de la nature des seuils dépassés, des actions de prévention spécifiques doivent être mises en place, à savoir :

  • Mise à disposition de PICB (Protecteurs Individuels Contre le Bruit)
  • Information et formation des travailleurs sur les risques et les résultats de l’évaluation
  • Proposition aux travailleurs d’un examen audiométrique préventif
  • Mise en œuvre d’un programme de mesures de réduction d’exposition au bruit
  • Signalisation des zones bruyantes et limitation de leur accès
  • Contrôle de l’ouïe des travailleurs et port obligatoire des PICB
  • Adoption immédiate de mesures de réduction d’exposition au bruit

Attention, il est important de vérifier régulièrement l’efficacité des mesures mises en place. En effet, un changement dans l’organisation du travail ou encore dans le choix des équipements peut nécessiter de les adapter pour garantir la sécurité des travailleurs.

*Source Enquête
** Code du travail, articles R. 4431-1 à R. 4437-4 relatif à la prévention des risques d’exposition au bruit